Flambée des prix : des efforts supplémentaires exigés
Face à cette situation dramatique, le gouvernement doit prendre des mesures qui s’imposent. L’Etat devra exercer ses fonctions de patron, gendarme et providence.
L’augmentation de prix des produits pétroliers est une conséquence de la dollarisation de l’économie congolaise. Un contraste avec des salaires non indexés au dollar roi. Raison pour laquelle le gouvernement congolais devra prendre des mesures pour protéger les consommateurs. L’augmentation brutale de produits pétroliers continue de provoquer des vagues sur l’étendue du territoire national congolais.
Cette augmentation est de l’ordre de 20%, selon un communiqué du ministère de l’Economie nationale et du Commerce publié le lundi 06 avril 2009 et dont la copie est parvenue dans plusieurs organes de presse notamment l’AFP et la Radio Okapi. L’augmentation a été décidée en vue d’éviter la rupture de stocks des produits pétroliers en RDC, au regard de la dépréciation du franc congolais (Fc. monnaie locale) par rapport au dollar américain”. explique dans le communiqué, le secrétaire général à l’Economie. Boni Mwawantadi.
Le franc congolais a perdu plus de 20% de sa valeur depuis fin décembre 2008. Le dollar s’échangeait alors à 680 Fc contre 830 actuellement, La dépréciation du franc a été provoquée par « la baisse des ressources provenant de l’exportation du pétrole, du bois et des produits miniers », avait expliqué en janvier le gouvernement de RDC.
Les prix majorés du carburant sont fixés selon les zones géographiques. Dans l’Ouest du pays, dont Kinshasa, les litres d’essence et du gasoil montent respectivement à 800 Fc (0.96 dollar) et 790 Fc (0.95 dollar), contre 665 Fc (0.80) dollar) et 660 Fc (0.79 dollar) avant la hausse. Dans l’Est et le Sud de la RDC, traditionnellement plus chers en raison du coût d’acheminement du carburant, le litre de l’essence et du gasoil franchit la barre d’un dollar, fixé respectivement à l,22 et 1,27.
Contrastes
Cette fluctuation des prix évolue par rapport au comportement des devises étrangères dont le dollar américain. Ce qui fait dire à plus d’un observateur que l’économie congolaise est actuellement « dollarisée ». Ainsi, employeurs comme employés subissent les effets de la dollarisation alors les salaires au Congo démocratique ne sont pas d’une manière générale indexée au roi dollar.
C’est dans ce contexte que cette augmentation brutale des prix des produits pétroliers entraîne inévitablement des conséquences socio-économiques fâcheuses sur l’étendue du territoire national. Les différents modes de transport sont les plus affectés avec des effets domino dans l’envolée des prix des produits de premières nécessités. Or, la population congolaise, on le sait, est parmi les plus pauvres de la planète, vivant avec des revenus évalués à moins de deux dollars par jour.
Ce qui explique le fait que les consommateurs congolais ou mieux les gagne-petit congolais sont les principales victimes de cette vague financière. Et si le gouvernement ne prend des mesures qui s’imposent, la pauvreté risquera d’atteindre le paroxysme et ouvrir la voie à l’anarchie et le chaos, entravant ainsi le développement humain au Congo démocratique.
Ce qui reste à faire
Face à cette situation on ne peut plus dramatique, 1’Etat congolais devra exercer pleinement ses trois fonctions traditionnelles, à savoir patron gendarme et providence. Le gouvernement du Premier ministre Muzito est à cet effet. appelé à protéger le pouvoir d’achat de la population qui trimballe les économies de bout de chandelle. Il devra ainsi améliorer les conditions salariales des agents et fonctionnaires de l’Etat ou mieux payer le salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) adapté aux réalités socioéconomiques de l’heure. De même, il est appelé à exercer de fortes pressions sur des privés qui doivent payer leurs employés conformément aux lois du travail en vigueur en République démocratique du Congo.
Entre-temps le gouvernement ferait mieux de prendre des mesures d’encadrement susceptibles de récupérer les masses monétaires en circulations dans l’informel pour les formaliser sous contrôle des circuits bancaires agréés par le ministère congolais des Finances. Tout compte fait, le gouvernement congolais devra lutter contre la corruption, l’impunité et faire mieux pour stimuler la population au travail de manière à augmenter la production des biens et services afin de rendre la balance commerciale de la RDC excédentaire. Bref, la bonne gouvernance reste la voie obligée pour améliorer les conditions de vie de la population et atténuer les chocs de différentes crises conjoncturelles au Congo démocratique.
Pierre Emangongo Kunga/Le Potentiel
Last edited: 08/04/2009 17:40:13